2019 05 08 Clisson 1/Clisson 4 : Drame familial en 3 actes ou Le Cid revisité

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On me dit parfois que je ne “résume” pas, voire que j’oublie les scores. Pas faux. Alors pour ceux qui aiment le brut, ou qui n’ont pas le temps, voilà mon Résumé, version ALPHA : Clisson 1 a gagné 3/0.

Personnellement, je préfère raconter des histoires, … alors voici la version Beta, pour ceux qui ont du temps, et aiment autant les lettres que les chiffres.

… Imaginez la scène, costume d’époque, cape bleue d’apparat rutilant pour Clisson 4, chapeau assorti, plume bleue flottant au vent. Plastron noir élégant quoiqu’un peu élimé pour Clisson 1, chapeau à plume rouge. Le décor? Une salle de sport pour donner du relief. Dehors, la tempête fait rage. Dedans, on se regarde, on se reconnait,on se sourit, on se salue, on se jauge, on s’estime, on se mesure, on se cherche, on s’attend… Voyez les jabots qui frisent, tels des coqs sur ergots. Go.

Les voilà donc qui se retrouvent ces deux équipes. Du sang vif, remonté à bloc et entraînés par et soudés autour de Nico : côté Cour, voici Clisson 4 qui trépigne d’impatience d’en découdre. Côté Jardin, faussement désinvoltes, les briscards tendance roublards unis et réunis autour du Patron (loin d’être un Saint), nous, les bien- mal- dé- re-nommés Clisson 1. Une belle rencontre s’annonce : Noblesse Oblige. Une rencontre fratricide en Poule A qui fera inévitablement couler du sang, de la sueur et des larmes, et puis de l’encre.

Mais revenons au spectacle du soir. 8 mai. dans la basse-cour, les coqs se mesurent du regard, les poules aussi dans une moindre mesure (désolée les filles pour l’image, c’est pour filer la métaphore aviaire), le filet est monté au milieu de la salle, quelques poulets sont là pour assister à ce combat de pères, de pairs, de frères. Quoiqu’il arrive, des plumes vont voler. Une tension exhale de la salle. C’est du loisir, certes, mais c’est du sérieux. On s’échauffe. Un peu chacun chez soi, un peu tous mélangés, ce n’est pas clair d’office, mais tout rentre dans l’ordre quand l’arbitre prend son sifflet. Chacun sur son terrain, le sort en est jeté, Clisson 1 a le service. Le Cri de guerre de la 4 est lancé, cocorico qui résonne dans l’enceinte. Au poulailler les spectateurs s’installent, sur la scène, les acteurs revêtent leur costume de combat. Dans le silence respectueux qui s’installe, les comédiens se préparent pour le spectacle.

Ce soir, on donne Le Cid, de Corneille, Clisson 4 sera Rodrigue et Clisson 1 incarnera Le Comte.

Je vous remets le contexte : (attention là on se concentre) Don Diègue (Nico) a été déshonoré (par la défaite de la première partie de saison évidemment), et, vieillard (désolée Nico, mais l’honneur du rôle est à ce prix), il confie à son fils, Rodrigue (Clisson 4 donc) le soin de le venger. Rodrigue doit tuer le Comte (Clisson 1), qui n’est autre que le père de son aimée Chimène (on pourrait imaginer qu’elle symbolise la victoire, mais là, j’ai peur qu’on se perde). Dilemme Cornélien par excellence, drame intérieur, Mais l’honneur filial doit primer. Ici on ne tue pas le père pour s’émanciper, mais le beau-père pour prouver sa valeur et venger son sang. Une banale histoire de famille en somme.

Le dialogue est écrit mot pour mot par Corneille, et nous va comme le gant que nous nous sommes jeté.

Imaginez encore, quelques minutes avant l’envol, le coach exhortant ses troupes à l’attaque :

Acte 1 scène 5

Don Diègue (Nico le coach à crête bleue) demande à Rodrigue (Clisson 4) de le venger :

(…)

Plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense.

Enfin tu sais l’affront, et tu tiens la vengeance :

Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;

Montre-toi digne fils d’un père tel que moi.

Accablé des malheurs où le destin me range,

Je vais les déplorer. Va, cours, vole, et nous venge.

 

Sur ces entrefaites, le Comte (Clisson 1) entre en scène

 

Acte II scène 2

Clisson 4 :

À moi, Clisson 1 deux mots.

 

Clisson 1 :

Parle.

 

Clisson 4

Ôte-moi d’un doute.

Connais-tu bien don Diègue (Nico)?

 

Clisson 1

Oui.

 

Clisson 4

Parlons bas ; écoute.

Sais-tu que ce vieillard (re-désolée Nico) fut la même vertu,

La vaillance et l’honneur de son temps ? Le sais-tu ?

 

Clisson 1 (provocateur)

Peut-être.

 

Clisson 4 (fier)

Cette ardeur que dans les yeux je porte,

Sais-tu que c’est son sang ? Le sais-tu ?

 

Clisson 1

Que m’importe ?

 

Clisson 4

À quatre pas d’ici je te le fais savoir.

 

Clisson 1 (crête rouge dressée)

Jeune présomptueux !

 

Clisson 4

Parle sans t’émouvoir.

Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées

La valeur n’attend point le nombre des années.

 

Clisson 1 (tressaillement de crête, inquiétude? ironie?)

Te mesurer à moi ! Qui t’a rendu si vain,

Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main ?

 

Clisson 4

Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,

Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître.

 

Clisson 1 (fier à son tour)

Sais-tu bien qui je suis ?

 

Clisson 4 (montant sur ses ergots)

Oui ; tout autre que moi

Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d’effroi.

Les palmes dont je vois ta tête si couverte

Semblent porter écrit le destin de ma perte.

J’attaque en téméraire un bras toujours vainqueur ;

Mais j’aurai trop de force, ayant assez de cœur.

À qui venge son père il n’est rien d’impossible.

Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

 

Clisson 1 (Raide, mains sur les hanches, sûr de son fait)

Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens,

Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ;

Et croyant voir en toi l’honneur de la Castille,

Mon âme avec plaisir te destinait ma fille.

Je sais ta passion, et suis ravi de voir

Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir ;

Qu’ils n’ont point affaibli cette ardeur magnanime ;

Que ta haute vertu répond à mon estime ;

Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait,

Je ne me trompais point au choix que j’avais fait ;

Mais je sens que pour toi ma pitié s’intéresse ;

J’admire ton courage, et je plains ta jeunesse.

Ne cherche point à faire un coup d’essai fatal ;

Dispense ma valeur d’un combat inégal ;

Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire :

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

On te croirait toujours abattu sans effort ;

Et j’aurais seulement le regret de ta mort.

 

Clisson 4 (vexé)

D’une indigne pitié ton audace est suivie :

Qui m’ose ôter l’honneur craint de m’ôter la vie !

 

Clisson 1

Retire-toi d’ici.

 

Clisson 4

Marchons sans discourir.

 

Clisson 1

Es-tu si las de vivre ?

 

Clisson 4

As-tu peur de mourir ?

 

Voilà, tout est posé. Histoire d’amour, de drame, de filiation, de trahison, d’honneur perdu et retrouvé : Là s’arrête  pour Clisson 1 l’héritage Cornélien. (Si tout était écrit, Clisson 4 aurait dû battre Clisson 1 comme Rodrigue tue le père de Chimène mais cette fin ne nous allait pas). on ré-écrit la fin..  

 

Car cette victoire Clisson1 la veut, et a passé l’après-midi à la préparer, avec quelques courageux de la 4, quoique d’une façon non conventionnelle sur laquelle je ne crois pas utile de revenir ici, au risque de d’amoindrir la noblesse du combat que je conte.

 

Le sifflet retentit, et la balle s’envole pour deux heures de chorégraphie en bande organisée. Ainsi la jeunesse et l’ardeur de Clisson 4 n’auront pas raison de la volonté farouche de Clisson 1. Pour autant, c’est à la pugnacité de Clisson 4 qui n’a jamais lâché, que ce match doit partie de sa beauté. Quel spectacle, quelle vigueur, quel acharnement sans cesse renouvelé. De part et d’autre, on ne lâche rien. On tombe, on se relève. Quelques heurts, quelques pleurs retenus, des regards tels des épées fendant l’air, acérées. De la rage, de la hargne. Pas de sang finalement. Pour finir par un score sans appel : 3/0 pour Clisson 1.

 

Ingratitude des chiffres, qui ne rend pas justice à la réalité d’un combat homérique. De loin, 3/0 est un score radical, mais en vérité, le 1er et le 3e sets furent remportés de justesse par la 1 (29/27), et sont dans le détail bien plus révélateurs de la rivalité de ces frères ennemis d’un soir.

 

3/0 d’accord, mais il fallait bien quelques lettres, pour rendre grâce à Clisson 4 sans qui notre victoire ne serait pas si savoureuse. Nous n’avons pas vaincu sans péril, et nous pouvons sans rougir nous repaître de la gloire de cette victoire. Gloire éphémère peut-être, mais jouissive tellement!

 

Car vainqueurs nous fûmes. Sans conteste et de belle façon.

 

ps: Merci à vous, mes acolytes de Clisson 1, vous fûtes beaux sur scène dans votre rôle et c’est un plaisir chaque fois renouvelé de jouer à vos côtés … et de gagner ! On y retourne quand?!)

 

M la Maudite

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