Clisson 6 a la Chapelle-Heulin : Naissance d’un mythe*

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7 Octobre 2021

C’est l’histoire d’un mec. Enfin, pas d’un mec tout seul, parce qu’on a tous pris “collectif” en option obligatoire au volley; et une spécialité “collectif relatif” à Clisson 6. Donc c’est l’histoire d’un mec, pas tout seul, mais presque. Ecoutez plutôt :

 

Quand ils les ont vus arriver à la Chapelle-Heulin, ils leur ont demandé : “ils sont en retard, les autres?” “Ben non on est au complet”. Ils étaient cinq en tout et pour tout, pour défendre les (nouvelles) couleurs de l’équipe 6.

 

Et encore, ils s’en sortent bien parce que le mec, le fameux mec-qui-ne-doutait-de-rien, qui, arrivé là, commence à comprendre que c’est de lui que je parle, le mec donc, il a constitué “son” équipe entre dimanche et mercredi. Comme ça, tranquille. Parti de presque rien. Tout le monde a dû lui dire, que c’était cuit Clisson 6, entre les départs et les non-retours. Plus de capitaine, plus de libero, presque plus de filles, pas encore de passeur, plus d’équipe quoi. Il fallait se résoudre à l’évidence : Clisson 6 était un enfant quasi mort-né, paix à son âme. La faute à pas de chance : a peine sorti des fonds baptismaux, bam Covid-19. Pas encore sortis de la crise, abandons en pagaille, vie et mort d’une équipe. Bon c’est triste mais c’était le destin, Mektoub. What next?

 

Mais non, il y a ce mec. Il voit que Clisson 6 joue contre la Chapelle-Heulin. Il se sent Clisson 6 alors, il décide qu’il ira, seul ou bien accompagné. Le mec prend son téléphone. Et à peu près, ça marche. Il faut dire qu’il inspire confiance, il présente bien, il est gentil, il ne met pas tout à fait la pression. Mais il compte sur toi et sur un malentendu, un moment d’inattention, et on dit oui. Quand même, quand mercredi après-midi il me demande le numéro d’ Antoine et puis si j’ai le temps de demander à Guillaume pour le lendemain, je comprends que c’est un peu fumeux son histoire. mais bon… j’avais réservé ma soirée du jeudi de toute façon alors je hausse les épaules.  

 

Je crois que j’aime bien ce côté désinvolte. Inch allah, on verra qui sera là, advienne que pourra! Se laisser dériver.

 

Jeudi 20h20, des témoins ont vu des gens se saluer d’un air compassé sur le parking de l’Intermarché puis monter dans un véhicule noir. C’était “nous”, en jachère.

 

Qui “nous” vous vous demandez? ah, ben oui, venez, faut que je vous présente : 

 

  • d’abord, il y a Julia qui nous vient avec son bras armé, un bon rhume, son masque, et les recommandations médicales de papa (“surtout il faut transpirer“) qui heurtent les convictions protectrices de maman (“tu ne vas quand même pas aller jouer alors que tu es malade?”); 

  • suit Antoine impatient accompagné par sa maman jusqu’au parking, intimidé pendant 47’’ puis tout à fait à sa place et à son aise avec les “sénior” (il dit encore “les adultes”, ouf, l’honneur est sauf!). 

  • On a ensuite Manu, l’homme de la soirée, pilote, coach et capitaine de soirée, qui ne regrette pas encore d’être venu.

  • Enfin, Manu le désinvolte, ou “le-mec-qui-ne-doutait-de-rien”, et son bolide rouge a toutes épreuves.

  • plus moi. 

qui font 5

 

Point positif, à 5 on rentre dans une seule voiture: c’est bon pour le bilan écologique de la soirée. Alors, le temps d’arriver à la Chapelle-Heulin, on fait connaissance. Amalgame improbable de jeunes en mal de sensations fortes (la FFVB c’est bien mais bon….) et de vieux renégats transfuges d’ici et d’ailleurs. On ne sait pas encore bien ce qui nous unit. mais on accepte ça. Alea jacta est.

 

A la Chapelle-Heulin il fait nuit déjà. On évoque une seconde d’emprunter un joueur, à la 4 (venue taquiner la Chapelle en poule A)? A l’équipe adverse? Mais non, pas envie : l’équipe 6 décide d’y aller comme ça, on sera sublimés par les maillots neufs. Sur un malentendu, je parviens à subtiliser le numéro 1 en souvenir ému du maillot que je n’ai pas encore rendu.  Bon, au passage j’ai pris une taille (pas de taille S à Clisson 6, je porterai du M) mais désinvolture oblige, je le prends comme ça vient. De toute façon, ça jure avec mes chaussures orange. Fatum. Le destin je vous dis.

 

Qu’ils sont beaux mes comparses aux couleurs de Clisson 6.

 

A Dieu vat : échauffement express, puis tentative d’occupation du territoire à 5. On sert, on joue, on marque, et voilà, c’est parti. Ca dure quoi? 10 minutes? A peine 10 minutes de chauffe dans le 1er set et on perd un mollet. Direct, comme ça. Sans prévenir. Pas un maillot, par un mollah, non, un mollet. Et quand on les compte sur les doigts des deux mains, ça compte double un mollet. Après quoi, 7 points ? Manu déclare forfait. On n’a rien vu venir et les jeunes ne peuvent pas comprendre. Le diagnostic tombera le lendemain: rupture du tendon d’Achille. Il n’en fallait pas moins pour mettre genou à terre. Dignement, Manu prend le banc de touche et garde le coaching.

 

Achille est au tapis, mais devant Troie assiégée, Ulysse ne laissera pas tomber. La blessure divine n’est qu’un moyen qu’ont trouvé les Dieux locaux pour tenter de nous affaiblir. Manu se dresse devant les augures : “Dieux capricieux nous ne dicterez pas notre destin : A nous Ulysse! a nous Patrocle! à nous Agamemnon: qu’Iphigénie ne soit pas morte en vain”. bon, j’en rajoute peut-être un peu, …. mais une chose est sûre, un mythe est né.

 

Achille n’était pas maître de son destin, nous, si. On a le choix : Laisser tomber ? Reporter le match? Déclarer Forfait? Convertir la soirée en match amical avec deux joueurs de la chapelle Heulin? Passer directement à la bière? Hey, vous rigolez j’espère : on est venus pour se battre, (on n’ose pas trop dire gagner parce qu’on est invités et polis (nous) mais c’était quand même l’intention globalement partagée), et on ne partira pas avant d’avoir tout tenté. 

 

Ca y est, dans l’adversité, direct, on fait équipe: on ne se démonte pas, et devant l’incrédulité adverse, unis dans l’insolence désabusée de ceux qui n’ont plus rien à perdre, on y retourne à 4 contre 6 (+3 remplacants). La guerre de Troie aura bien lieu. Nous avons l’avantage de la désinvolture et une bonne envie de mettre un tacle au destin : c’est à nous de jouer. Et à la fin, c’est moi qui raconterai l’histoire!

 

On joue, on gagne. Alors on rejoue, on regagne. Et puis on re-rejoue et re-regagne.  C’en est Presque embarrassant.

 

Alors bon, je dois admettre que nos acolytes de la 1 auraient probablement fondu un plomb ou deux devant l’improbable jeu que nous avons présenté. On a fait ce qu’on a pu. Objectivement, nous nous sommes épargné les soucis de placement. A 4 sur le terrain on n’a pas vraiment pu épiloguer sur la question d’Antoine sur le 5/1. On a joué, enchaîné et gagné. Quelques belles balles, du potentiel, c’est déjà ça! 

 

Bien sur vous nous direz, vous étiez en poule D.  C’est pas faux. 

Vous direz aussi, la Chapelle-Heulin intégrait des débutants et vous n’êtes pas à votre coup d’essai : ça se discute.

 

Mais, c’est comme ça à la fin de l’histoire, les grecs l’emportent, Troie est pillé et incendié, et on ne retiendra que la ruse d’Ulysse et le coup de génie du cheval (de Troie). Comme vous ne retiendrez que la victoire homérique de l’équipe 6, à 4 joueurs contre 6.

 

Heureusement, nous ne mettrons pas 10 ans à rentrer et Manu, même blessé, nous guide d’une main plus sûre que celle d’Ulysse dans les méandres du retour (nous ne croisons ni sirènes, ni cyclopes). Tant mieux: c’est qu’on est en semaine, et on a des enfants à coucher nous. Sur le chemin du retour, Julia et Antoine ne masquent pas leur plaisir et c’est réjouissant : Ça donne envie d’y retourner… 

 

Alors voilà, ca y est, vous voyez, ce n’est déjà plus l’histoire d’un mec. C’est le germe d’une histoire plus grande, qui commence par un premier épisode, et moi ça me plait la naissance d’une équipe. L’effervescence des possibles. Je crois que j’ai bien envie de témoigner de la suite.  Finalement je vais rester un peu, pour voir!

 

A Clisson 6, ils n’avaient pas grand chose, juste ce petit rien qui fait déjà beaucoup: l’envie en partage.  ils avaient aussi le-mec-qui-ne-doutait-de-rien et ils ont maintenant la-fille-qui-raconte-des-histoires.

 

M la Maudite

*mythe: Récit mettant en scène des êtres surnaturels, des actions imaginaires, des fantasmes collectifs, etc

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